Une révolution politique
Connie Pedersen
(Uddrag af artikel i Fransknyt foråret 2017)
Révolution. C’est le titre d’un livre, écrit par le nouveau président français, Emmanuel Macron. Et c’est bien une paisible révolution politique qui s’est produite dans les urnes, ce printemps en France.
Pour la première fois depuis la création de la 5ème République en 1958 la France a un président de moins de 40 ans, inconnu du public il y a trois ans.
Pour la première fois une nouvelle force politique, celle « d’En marche ! » s’est implantée dans le pays, un an seulement après sa création.
Pour la première fois dans une élection présidentielle le Front national a eu plus de 20 % des voix. L’extrême droite de Marine Le Pen s’est installée dans le paysage politique, sans que des manifestants soient descendus dans les rues.
Pour la première fois les deux grands partis du gouvernement, celui des Socialistes et celui des Républicains, n’ont pas participé au deuxième tour de l’élection, renvoyés par les électeurs déçus.
Pourquoi Macron ?
Emmanuel Macron a été élu président parce qu’il incarne le renouvellement dans un pays las du vieux monde politique.
Il a été élu parce qu’il a du talent.
Il a été élu parce qu’il a eu de la chance.
Macron a compris avant tous les autres que les vieux partis étaient à bout de souffle, et il a eu l’audace de créer son propre parti « En Marche ! » alors qu’il était toujours ministre de l’Économie d’un gouvernement socialiste.
Il a montré un talent de manager hors pair en menant une campagne électorale tambour battant, inspirée des campagnes de Barack Obama. Grace à Internet il a créé un mouvement de masse.
Ses militants ont fait du porte à porte, un questionnaire en main, pour sonder les électeurs : quels sont leurs soucis dans leur vie quotidienne ? Partout en France on a fait pareil – on a formé des petits comités locaux et rempli des questionnaires. On a beaucoup débattu et petit à petit un programme politique s’est cristallisé.
Au début les petits comités n’ont même pas eu de salles pour se rassembler. Ils se sont rencontrés dans des bars et des cafés, bien déterminés à soutenir leur candidat dans sa marche vers l’Élysée.
Mais Macron a aussi eu de la chance. Les planètes politiques se sont alignées en sa faveur.
Premièrement le président sortant François Hollande a décidé de ne pas être candidat à l’élection 2017, parce qu’il était très impopulaire. C’est la première fois sous la 5ème République qu’un président renonce à se présenter à sa propre réélection.
Deuxièmement, aux primaires, les Républicains et les Socialistes ont choisi les candidats les plus clivants – le très conservateur François Fillon et le très gauchiste Benoît Hamon. Cela a laissé un espace vacant pour un candidat centriste – Emmanuel Macron.
Troisièmement, le candidat des Républicains François Fillon a été atteint par un scandale. Il a été accusé d’avoir payé sa femme avec l’argent public pour un travail fictif au parlement.
Ainsi, la route vers l’Élysée s’est ouverte pour le Benjamin de la politique française. Seul obstacle : la candidate du Front national, Marine Le Pen. Si Macron incarne le rejet des partis traditionnels, Le Pen incarne la colère des gens qui disent ne pas être écoutés.
Entre les deux tours elle a mené une campagne efficace et brutale. Mais elle a raté le grand débat télévisé d’entre-deux-tours par son comportement jugé trop agressif.
Donc, le verdict des électeurs a été clair – la grande majorité des Français ne veut pas d’une présidente d’extrême droite. On dit souvent qu’au premier tour les électeurs élisent et au deuxième tour ils éliminent. Ils ont éliminé Marine Le Pen, et Macron en a profité, même si le barrage contre le Front national de 2017 n’a pas été aussi solide que celui contre son père en 2002.