L’abaya n’a pas sa place dans les écoles
Le ministre de l’Éducation nationale souhaite interdire les abayas à l’école. Cette robe traditionnelle qui couvre le corps « n’a pas sa place dans nos écoles », a annoncé Gabriel Attal.
Une loi de 2004 interdit aux élèves de porter des tenues ou des signes religieux ostensibles. Seuls les signes discrets sont autorisés, excluant ainsi les voiles, les grandes croix ou les kippas.
Les abayas, portées par-dessus les vêtements, sont devenues de plus en plus populaires chez certaines élèves musulmanes. Jusqu’à présent, la robe n’a pas été interdite, mais elle est souvent proscrite à l’école au nom de la laïcité. Le ministre considère l’abaya comme un signe lié à l’islam. « En entrant dans une salle de classe, il ne devrait pas être possible d’identifier la religion des élèves en les regardant », a-t-il justifié.
Selon une note du ministère de l’Éducation nationale, les atteintes à la laïcité dans les écoles ont explosé. La note indique que le port des abayas chez les filles et des qamis chez les garçons est en grande partie responsable de cette augmentation : « Le bilan de l’année scolaire fait état d’une augmentation de plus de 150 % dans la catégorie des signes et tenues religieux tout au long de l’année scolaire », précise la note ministérielle.
Voici quelques réactions à la décision d’interdire les abayas dans les écoles :
1) Farah, lycéenne musulmane à Marseille, fait bien la distinction entre le voile et l’abaya : Quand on parle du voile, pour moi, oui, là, c’est religieux. Mais une abaya, c’est une simple robe ! Parfois, je n’ai pas forcément envie de mettre un jean, par exemple. Les filles s’habillent de façon courte, on les critique, elles s’habillent de façon longue, on les critique… On ne sait même plus comment s’habiller ! (France info 29/08/2023)
2) Florent Martin, proviseur : Nous sommes satisfaits sur le ton et le discours, clair et sans ambiguïté. Nous en avions besoin. Mais sur le fond, ça ne résout rien car il n’y a encore aucun texte officiel sur lequel s’appuyer. On parle d’une note de service et d’une lette du ministre à envoyer aux familles. Cela va nous servir pour le dialogue mais ça ne comporte pas d’élément qui modifie l’application du principe de laïcité . (L’Indépendant 29/08/2023).
3) Grégoire Ensel, président de la FCPE, première fédération de parents, salue la décision du ministre vis-à-vis de chefs d’établissement qui « n’arrivaient plus à faire face. Mais il ne faudrait pas donner à la communauté musulmane le sentiment qu’elle est la seule concernée. Si demain une autre communauté faisait de tel vêtement un signe spécifique, il faudrait prendre la même décision ». (Le Figaro 29/08/2023)
4) Abdallah Zekri, le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) : L’abaya n’est pas une tenue religieuse, c’est une forme de mode. (L’Indépendant 29/03/2023)
5) Rémy Sirvent, ancien secrétaire général du Comité national d’action laïque (Cnal) : Aujourd’hui, on ne se pose plus la question de savoir si une abaya est un vêtement religieux, culturel, à la mode, s’il est vendu chez H&M ou en Arabie saoudite… Et c’est une bonne chose. On reconnaît qu’il s’agit d’une tenue utilisée pour dire une appartenance religieuse. (Le Figaro 29/08/2023)
La rentrée scolaire s’est bien déroulée. Environ 12 millions d’élèves ont fait leur retour à l’école partout en France. Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a signalé que 298 élèves sont arrivés vêtus d’une abaya. 67 d’entre elles ont refusé de l’enlever. « Elles sont rentrées chez elles. Dans les prochains jours, elles reviendront et nous verrons si elles se sont conformées à la règle », a déclaré le ministre.