La liberté d’abord. « Liberté, liberté, chérie » entonne La Marseillaise. Être français, c’est d’abord aimer passionnément la liberté. DE GAULLE a évoqué le pacte 20 fois séculaire entre la France et la liberté du monde. À partir d’aujourd’hui, vous êtes liés par ce pacte. La liberté dans notre République est un bloc. C’est la liberté de participer au choix de ses dirigeants et donc le droit de vote, mais qui est indissociable de la soumission au verdict des urnes, à la liberté collective du peuple. C’est la liberté de conscience, et en particulier la laïcité, ce régime unique au monde qui garantit la liberté de croire ou de ne pas croire, mais qui n’est pas séparable d’une liberté d’expression allant jusqu’au droit au blasphème. Et je le dis au moment où s’ouvre le procès des attentats de janvier 2015. Être français, c’est défendre le droit de faire rire, la liberté de railler, de moquer, de caricaturer, dont Voltaire soutenait qu’elle était la source de toutes les autres. Être français, c’est être toujours du côté des combattants de la liberté. Et plus encore quand les renoncements prospèrent, quand la censure progresse.
L’égalité. Être Français, c’est reconnaître en chaque femme, en chaque homme une même dignité. Être Français, c’est aimer la justice. Abolition des privilèges et Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789, suffrage universel masculin et abolition de l’esclavage par SCHŒLCHER en 1848, droit de vote des femmes en 1944, abaissement de la majorité à 18 ans en 1974, abolition de la peine de mort en 1981. Vous vous inscrivez dans une belle et grande Histoire, celle du progrès de l’égalité des droits. Vous êtes aussi les continuateurs d’une marche encore inachevée vers l’égalité concrète et effective. PÉGUY, JAURÈS, BLUM, MENDES FRANCE ont porté haut la République sociale, cette idée simple au fond : chaque citoyen, quel que soit le lieu où il vit, le milieu d’où il vient, doit pouvoir construire sa vie par son travail, par son mérite. Nous sommes encore loin, trop loin de cet idéal. Combien encore d’enfants de France sont discriminés pour leur couleur de peau, leur nom ? Combien de portes fermées à de jeunes femmes, de jeunes hommes, parce qu’ils n’avaient pas les bons codes, n’étaient pas nés au bon endroit ? L’égalité des chances n’est pas encore effective aujourd’hui dans notre République. C’est pourquoi elle est plus que jamais une priorité de ce quinquennat.
Nous irons plus loin, plus fort dans les semaines à venir pour que la promesse républicaine soit tenue dans le concret des vies. Mais l’égalité, elle aussi, est un bloc, des devoirs et des droits. L’égalité devant la loi implique ainsi que les lois de la République sont toujours supérieures aux règles particulières. C’est pourquoi il n’y aura jamais de place en France pour ceux qui, souvent au nom d’un Dieu, parfois avec l’aide de puissances étrangères, entendent imposer la loi d’un groupe. Non, la République, parce qu’elle est indivisible n’admet aucune aventure séparatiste. Un projet de loi de lutte contre le séparatisme sera à cette fin présenté dès cet automne.
La fraternité. Être Français, c’est voir en son compatriote plus qu’un semblable, un défi. Notre nation a ceci de singulier qu’elle a développé un État providence, un modèle de protection sociale qui ne laisse personne au bord du chemin. Or, ce système unique au monde ne tient que par les liens toujours fragiles qui unissent nos concitoyens, liens du respect et de la civilité qu’à tout moment, la violence et la haine peuvent briser. C’est pour cela qu’en République, les policiers, les gendarmes, les magistrats, les maires, les élus de la République, plus largement, toutes celles et ceux qui luttent contre la violence, contre le racisme et l’antisémitisme jouent un rôle déterminant, et que, par symétrie, ceux qui s’en prennent à eux doivent être lourdement condamnés. Force à la loi, jamais à l’arbitraire. Ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre, aux élus ne passeront pas. Liens de la solidarité et de l’engagement. Notre Etat providence a une nouvelle fois montré lors de la pandémie que nous venons de traverser sa force en accompagnant chaque Français et nous nous souviendrons longtemps du courage de nos soignants, du dévouement des bénévoles, de l’entraide entre voisins qui nous ont permis de faire face au plus fort de la crise. Mais là encore, la fraternité est un bloc. Elle ne peut vivre, perdurer que si chacun reconnaît l’autre comme digne d’être aidé, accompagné. Elle repose sur chaque citoyen aussi, et pas simplement sur un État qui donnerait des droits. C’est pourquoi le partage d’un commun est décisif et je ne peux en effet consentir des sacrifices pour mes compatriotes que si je me sens lié à eux non seulement par un contrat social, mais par des références, une culture, une histoire commune, des valeurs communes, un destin commun dans lequel nous sommes engagés. C’est cela, la République.