La visite de Macron au Danemark
Connie Pedersen
(Fransknyt efteråret 2018)
Les présidents sont souvent plus populaires à l’étranger que dans leur propre pays, et le Président Emmanuel Macron ne fait pas exception.
Fin août, Macron et sa femme Brigitte ont effectué une visite d’État très réussie au Danemark, une première depuis 36 ans. Tout le monde a voulu rencontrer, écouter ou regarder le jeune président, bronzé et souriant. Les étudiants, les artistes, les journalistes et les hommes d’affaires se sont rassemblés autour de lui. Pareil pour les femmes et les hommes politiques de tous les partis du parlement danois.
Une démission
Mais juste au moment où l’avion présidentiel atterrissait à Copenhague, le ministre de l’Environnement claquait la porte du gouvernement, à Paris. Nicolas Hulot, le plus populaire des ministres, annonçait à la radio sa démission, quittant « une fonction de frustrations ». Sans prévenir Emmanuel Macron, un coup dur pour le Président qui se vante d’avoir un profil vert.
D’une manière générale, la popularité du Président est en baisse. Les sondages montrent que 34 % des Français trouvent que Macron est un bon président, et cette chute de popularité affaiblit le Président. Il a réalisé plus de réformes que ses prédécesseurs, mais ses changements pour rendre la France plus efficace et plus prospère lui posent un problème d’image. Ses opposants ont réussi à le décrire comme le président des riches.
Une star politique
Mais pas de problème d’image au Danemark. Le Président Macron a été reçu comme une star politique, et il a répondu en faisant l’éloge de notre modèle social et politique danois. Il est surtout impressionné par le système flexible du marché du travail au Danemark, la fameuse flexisécurité.
Dans un discours prononcé devant la communauté française locale, le président est allé jusqu’à critiquer les Français. Il a comparé les Danois, “peuple luthérien” ouvert aux transformations, et les Français, “Gaulois réfractaires au changement ».
– « Il ne s’agit pas d’être naïf, ce qui est possible est lié à une culture, un peuple marqué par son histoire. Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement ! Encore que ! Mais nous avons en commun cette part d’Européen qui nous unit ».
La déclaration a aussitôt mis le feu aux poudres dans l’opposition en France. – Ce n’est pas digne d’un président de critiquer son peuple quand il est à l’étranger, a réagi un opposant politique. – Pourquoi pas se présenter au Danemark et pas en France la prochaine fois, a ironisé un internaute.
Le Président lui-même a essayé de calmer le jeu, en expliquant qu’il s’agissait d’un trait d’humour de sa part.
Une Europe forte
Mais Macron n’a pas visité le Danemark seulement pour nous flatter. Il est venu avec un message politique très clair. Il veut une Europe plus forte, économiquement et militairement, et son ambition est de devenir Monsieur Europe.
Avec Donald Trump à la Maison Blanche, l’Europe ne peut plus croire dans les États Unis pour la défendre. Donc il faut une défense européenne, insiste le Président français. C’est une question délicate pour le gouvernement danois parce que nous avons dit non à une défense commune de l’union européenne. Pour changer cette décision il faut un referendum, et pour le moment c’est politiquement impossible.
Concernant encore l’Europe, le président Macron est en pleine campagne pour les élections européennes de mai 2019 qui – selon lui – opposeront le camp des réformateurs pro-européens, les « progressistes », contre le camp des « nationalistes », les « populistes ». Emmanuel Macron se cherche des alliés pour combattre les populistes comme les leaders hongrois et italien, Viktor Orbán et Matteo Salvini.
Pas de vrai Danois
Pour le Président les vrais Danois comme des vrais Français n’existent pas. Ils sont des Européens. À l’occasion d’une rencontre avec 600 étudiants, une étudiante danoise a posé une question sur l’avenir des identités en Europe, et Macron a répondu :
– « Le vrai Danois n’existe pas, il est déjà Européen. Même votre langue n’est pas seulement le danois, elle est part de la langue européenne. C’est vrai aussi pour les Français ».
Cette réponse a été décrite comme « une provocation » par l’AFP, Agence France-Presse. L’enthousiasme européen du Président n’est pas partagé par tous les Français. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 presque la moitié des électeurs avaient voté pour un candidat hostile à l’Union Européenne.
Le Tour de France
Avant de partir le président français et le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen se sont offert une balade à vélo dans les rues de la capitale danoise, et le président français a indiqué que le Tour de France partirait du Danemark “dans les prochaines années”. Pour souligner sa promesse, il a offert au Premier ministre le maillot jaune dédicacé par le vainqueur de l’édition 2018, Geraint Thomas.
Mais d’abord il faut que le Président lui-même remporte le maillot jaune des élections européennes de mai 2019 – un défi ambitieux.